La Pavane
Une révérence irrévérencieuse faite au jour de notre naissance, qu'on a appelé plus tard “Renaissance”, afin de le peindre sans doute aux couleurs de la fatalité. Trois figures costumées, comme tout droit sorties du placard, rejouent à l'ombre du jardin les jeux furieux du regard occidental, au rythme lent d'une pavane.
Un jardin auquel on accède par une volée de marches, il est ceint par un mur de vieilles pierres et surplombé par la végétation : si l’on fait silence et que l’on tend l’oreille, on peut entendre le passage du vent dans les feuilles, le froissement bavard des cigales, l’agitation de la terrasse du théâtre en contrebas et, plus éloignées encore, les rues de la ville.
Le soleil éclaire ce bout de jardin comme il avait éclairé l'autre jardin, le jardin renaissant, au soleil italien du XVè siècle - c'était le début des gémissements : d'abord des gémissements de plaisir puis des gémissements de douleur, et ils se sont tant mêlés ensuite les uns aux autres qu'elle n'existe pas, l'oreille qui pourrait les distinguer aujourd'hui. Et nous mangeons encore les fruits de ce jardin ancien, même s'ils sont maintenant recouverts d'une fine couche de pourriture ou de poussière.
C'est dans ce jardin que nous avons appris à regarder et à désirer le monde, le “Nouveau Monde”. Alors, nous avons inventé les artistes et les conquistadors ; les artistes pour qu'ils nous dessinent le monde et les conquistadors pour qu'ils nous le possèdent. Rien de nouveau sous le soleil. Nous nous sommes habitué·e·s à ce nouveau regard et à ce nouveau monde qui est devenu le nôtre. Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi.
Mise en scène et jeu Bogdan Kikena
Jeu Maya Lombard, Jules Bisson et Pascal Jamault
Regard extérieur Hicham Boutahar
Conseils chorégraphiques Zoé Lakhnati
Conseils vestimentaires Gabrielle Smith
Conseils d’ordre général Magrit Coulon
Production wozu
Avec l'aide de la COCOF, MoDul